L'histoire d'une voix perdue, puis retrouvée!
Le tableau de Saint Jean-Baptiste de Signes est avec le tableau d’autel de Saint-Probace de Tourves, signé et daté de 1647, l’un des rares exemple conservé des peintures religieuse de Jean-Baptiste de la Roze, ce qui le rend particulièrement précieux.
L’œuvre fut commandée le 2 juillet 1672.
A la suite d’une réunion du conseil de fabrique et à un contrat passé devant notaire. On ignore, la raison pour laquelle, ces laïcs se tournèrent vers De La Roze alors plus célèbres pour ses marines que pour ses tableaux d’autel, mais c’est probablement parce que son statut de peintre du roi pour les arsenaux, lui conférait en Provence un statut éminent.
Dans le contrat passé devant notaire, présenté comme « peintre entretenu a la marine », Jean Baptiste de La rose s’engageait à exécuter dans 9 mois et moyennant 400 livres, une nativité de saint Jean-Baptiste suivant le dessin qu’il en avait présenté. Jugé être une « fort belle piesse, ce dessin proposait 17 personnages ».
L’œuvre a été restaurée dans les années90. Il manque le retable original. La toile n’arrive pas jusqu’en bas de la composition.
Le sujet:
Jean-Baptiste tient une place éminente dans la religion catholique. Il est le précurseur du Christ, à la lisière de l’ancien et du nouveau testament. Sa naissance annonce donc celle du Christ à venir et sa vie sera consacrer comme le dira son père à préparer celle de Jésus. Il sera la voix de Jésus qui est le verbe. Le sujet tiré de l’évangile selon saint Luc (Luc, 1, 57- 80).
Sa conception, comme sa naissance pouvait être perçue comme « miraculeuse » pour reprendre les termes de l’ évêque de Vence Antoine Godeau (1605-1672). D’abord parce que son père Zacchari, comme sa mère, Elizabeth, une parente de la vierge marie, étaient tous deux stériles mais surtout parce qu’ils avaient en outre largement dépassé l’âge ou l’on peut concevoir.
(Godeau : Il fallait que le champ d’où est sortie cette excellente fleur, fut longtemps cultivé par la vertu, il fallait que les années eussent bannies tous les sentiments de la nature corrompus, cad la concupiscence).
Lorsqu’il apprit sa future paternité de la bouche de l’ange Gabriel dans le temple ou il officiait, Zacchari en avait perdu la voix –( Godeau : « son incrédulité lui avait fait perdre l’usage de la parole . C’est la naissance de Jean-Baptiste qui la lui rendit ».
Si la naissance de Saint Jean Baptiste fut un sujet récurent de la peinture – la représentation de De la Roze rompt avec les usages iconographiques usuels pour ce type de sujet. Souvent, les peintres choisissaient celle d’une iconographie employée aussi pour la naissance de la vierge de la représentation du bain, figuré au-devant du tableau par une bassine de cuivre. Le nouveau-né représenté plongé ou tenu devant cette bassine pouvait préfigurer le mystère du sacrement du baptême. Saint Jean aurait baptisé Jésus dans le Jourdain (Jordanie).
On remarque au premier plan ses attributs : la croix avec le phylactère et l’agneau
Jean s’y affirme comme celui qui, voyant venir Jésus à lui (Jn 1, 29), avait, d’après le quatrième Evangile, annoncé la venue du Sauveur et proclamé son avènement par ces mots :
« Ecce agnus Dei, ecce qui tollit peccatum mundi. Hic est, de quo dixi : Post me venit vir qui ante me factus est, quia prior me erat.
Voici l’agneau de Dieu qui ôte le péché du monde ; C’est de lui que j’ai dit : Il vient après moi un homme qui est passé devant moi parce qu’avant moi il était.
(Jn 1, 29-30) La présence de l’Agneau comme image anticipée du Christ Roi trouve sa source dans la proclamation du Baptiste lui-même
Si le tableau représente une naissance – il annonce ainsi la mort à venir, la sienne mais également celle du Christ qui meurt pour racheter les péchés des hommes.